[Dega] Passé

Deux frères

Le jour se lève à peine qu’il est salué par deux cris puissants venant d’une cabane en bois plantée au milieu d’une plaine. Un père tout heureux prend dans ses bras ses fils nouveaux nés et sourit tendrement à sa femme.
« Deux garçon en un seul coup, je suis comblé. Repose toi maintenant. » Il déposa ses deux fils cote à cote dans un berceau et entreprit de fêter ces heureuses naissances comme il se doit.
C’est ainsi que par un beau jour de printemps, Dega et Aston vinrent au monde.

Ils grandirent tous deux ensemble, inséparables, indissociables dans la vaste plaine qui leur servait de terrain de jeu, là où leur père, éleveur de chevaux, gardait son troupeau. Leur enfance fut idyllique. Jusqu’à 12 ans, ils étaient toujours ensemble, mais ce cap passé, ils commencèrent à se différencier, à s’affirmer chacun de leur côté, tout en restant énormément complices. Dega s’orienta dans la surveillance des chevaux, leur parlant, vivant à leur côté et au contact de la nature, son esprit indépendant, rêveur et croyant correspondait tout à fait à son travail. Aston, quand à lui préféra s’orienter dans l’administration de l’entreprise familiale, les paperasses ne lui faisaient pas peur, et son esprit plus terre-à-terre que celui de son frère s’accommodait mieux de ce genre de travail. Ils avaient une vie heureuse.

Leur père décéda de maladie alors qu’ils n’avaient que 15 ans et leur mère se consacra entièrement à leur sœur de 8 ans plus jeune. Ils continuèrent l’entreprise de leur père, s’organisant pour la faire vivre et permettre ainsi à leur famille de continuer son existence.

Pour leurs 20 ans, leur mère a organisé une grande fête réunissant tous leurs amis. La fête est une réussite et tout le monde est heureux.
Soudain, des cris et des bousculades se font entendre au loin. Dega et Aston lèvent la tête d’un même mouvement et leurs regards se croisent. Ils se lèvent brusquement et s’élancent vers l’enclos des chevaux, sentant bien que quelque chose d’anormal s’est passé. Ils arrivent rapidement en vue du paddock et d’un coup d’œil saisissent la situation. L’enclos vide, de la poussière sur la route : les chevaux sont dehors. Dega s’élance sur la route après les chevaux alors qu’Aston s’approche de l’enclos pour comprendre ce qui s’est passé.
Dega siffle la jument de tête, l’appelle tout en continuant à courir. Après plusieurs minutes, le troupeau devant lui à l’air de ralentir, il continu ses appels et bientôt, la jument de tête s’arrête et tout le troupeau l’imite. Dega s’approche pour la féliciter et sort une ficelle de sa poche pour lui faire un licol rapide et la ramener au pré. Surgit deux types qui le frappent dans le dos, lui coupant la respiration. Il se retrouve à genoux, luttant pour respirer alors que l’un de ses agresseur lui donne un grand coup de pied sur le côté. Il sent ses côtes craquer et se retrouve affalé sur le côté, le nez dans la poussière. Les coups pleuvent sur lui et il essaye de ramper hors de leur portée. L’un d’eux le saisit par le devant de sa chemise et le soulève avec facilité au niveau de son visage. Dega a la vue brouillée par les larmes de douleur et ils ne peut distinguer le visage de ses agresseurs. Il ressent simplement une grande brûlure au niveau de sa cage thoracique, là ou les mains de son tortionnaire le tiennent. Celui-ci lui décroche un violent coup de poing sur la tempe et Dega se trouve projeté à plusieurs mètres de lui, complètement groggy. Il atterrit brutalement sur le sol et sa tête entre en contact avec une pierre acérée du chemin. Sa dernière pensée est pour son frère avant de sombrer éternellement dans les ténèbres.
Pendant ce temps là, Aston s‘approche de l’enclos. Sur place, il ne peut que se rendre à l’évidence, c’est un acte délibéré, le loquet est ouvert, et les chevaux n’en sont pas capables. Comme il ne voit pas revenir son frère, il s’élance à son tour sur le chemin, après avoir fait un saut rapide dans les cuisine et s’être emparé d’un long couteau sous les yeux effrayés de ses amis et invités. Il voit une forme allongée sur le sol et ne peut retenir un cri de douleur au fur et à mesure qu’il avance, ayant identifié son frère. Il s’agenouille finalement à coté de son jumeau et d’un bras tremblant pose deux doigts sur sa carotide. Rien, aucune pulsation. Son frère, son jumeau, son complément n’est plus de ce monde. Il entre alors dans une colère noire qu’il n’a jamais ressenti et s’élance à la poursuite des hommes responsables de ça, car il ne fait aucun doute pour lui que c’est des hommes qui lui ont pris son frère. Il pousse des hurlement de rage tout en suivant la piste des chevaux. Les formes humaines responsables de la mort de Dega ont tôt fait de revenir sur leurs pas et de l’entourer. Aston, aveuglé par sa fureur ne prête guère attention à leurs visages, pourtant, s’il l’avait fait, il aurait vu que les yeux rouges de ses cinq ennemis flamboyaient de cruauté. Aston se jette sur l’un d’eux, le couteau en avant et une lutte sauvage s’engage. Mais seul contre cinq êtres maléfiques, il ne peut rien et il ne réussit qu’à blesser deux d’entre eux avant de se faire occire par son propre couteau.

Prise de conscience


La conscience de Dega revient doucement. Peu à peu, il sent les différentes parties de son corps, son dos froid, ses pieds engourdis, ses mains gelées, sa tête douloureuse. Il roule sur le côté et ouvre les yeux. Il est agenouillé au milieu d’hommes dans la neige. Hommes, non. Il secoue la tête. Certains ont de grandes ailes blanches dans le dos. Il ferme les yeux et appuie ses paumes dessus. ‘‘Je vais me réveiller, je vais me réveiller, je vais me réveiller’’ se répète-t-il. Lorsqu’il rouvre les yeux, espérant se retrouver sur le chemin de sa maison avec son frère à ses côtés, il se retrouve dans le même décor que précédemment. Il se lève, espérant ainsi faire disparaître la vision. Il chancelle et fait quelques pas. Mais la vision persiste.
« - Où suis-je ? questionne-t-il autour de lui.
- Sur Terre, mec, on va bouffer du démon.
- Du……….. démon ?
- Ouais mec, t’es un ange, c’est ton rôle. »
Un ange. Un simple mot qui plonge Dega dans des abîmes de perplexité. Ange, il est un ange. Ange, donc Dieu existe bien, contrairement à ce que certains voulaient lui faire croire. Dieu. Pourquoi les a-t-on attaqué, son frère et lui ? Frère. Où est-il ? Une évidence s’impose à lui d’une telle force qu’il ne peut la nier. Il la sent dans sa chair et son âme. Son frère a subit le même sort que lui. Il est mort. Mort ? ou Ange ? Ange, il est ange, donc ailleurs que chez lui. Sur Terre, l’autre ange à dit qu’on était sur Terre. Mais où ? Démon, pourquoi aller les frapper ? Démon égal créature démoniaque, cruelle, fourbe. Responsable de la discorde sur Terre selon les Saintes Ecritures.
« - Excuse moi, encore une fois, mais à quoi on reconnaît un démon ? questionna Dega
- T’es un p’tit jeune toi, ça s’voit. C’est de grands trucs rouges, cornus, qui ont l’air de brûler de l’intérieur. Tu pourras pas les rater. »
Brûler de l’intérieur. Comme la brûlure qu’il a ressentit. Démons responsables de sa mort. De leur mort. Pourquoi, pourquoi eux ?
Dega s’assoit à même le sol et se prend la tête à deux mains. Dieu, Dieu, créateur de toutes choses, a créé la Terre, les animaux et les Hommes. Certains Hommes deviennent anges, d’autres démons. Comment devient-on ange ? Forcément par la mort ? Pourquoi lui un ange ? Qu’a-t-il fait pour mériter une deuxième vie, qui plus est éternelle ? Dieu décide, les Hommes acceptent, se sermonne-t-il. Il ressent une violente douleur dans le dos. Il se passe la main entre les omoplates, ses doigts rencontrent une surface douce. Des plumes. Il bouge les épaules et voit à la limite de son champ de vision des mouvements d’objets blancs. Des ailes. Je suis bien un ange pense-t-il avec un sourire. Il se lève et se déplace. Il ressent un élan de sympathie pour les anges autours de lui. « Mes frères » murmure-t-il. « Aston ! » Dega s’arrête brusquement et regarde autour de lui, cherchant son frère au milieu de ces visages. « Aston » crie-t-il. Personne ne répond.
« - Aidez moi, j’ai perdu mon frère.
- Ta gueule toi, lui répond-on brutalement.
- Mais…… il se fait bousculer sans ménagements.
- Ferme là !
- Dieu nous a conféré la parole, c’est pour s’en servir.
- Dieu nous a surtout foutu dans le pétrin, rétorqua l’un de ses voisins.
- Dieu nous a abandonné, renchérit un autre.
- Dieu préfère déléguer les tâches ingrates à ses anges, tu parles d’un symbole, ajouta un troisième.
- Hérésie » s’écria un ange. Dega était assez d’accord avec lui mais évita de le faire savoir quand il vit les trois anges précédents rouer de coups le quatrième en disant « ferme là toi, ça fait déjà plusieurs jours que tu me saoules. » Le royaume angélique n’était pas si idyllique que ça.
« -Et pourquoi…
- T’es buté toi, ferme là ! » L’ange à côté de lui lui décroche deux coups, un dans la mâchoire et l’autre dans le ventre. Il se retrouve à genoux, dans la neige, crachant du sang. Les anges alentours, comme s’ils attendaient ce signal, se mettent aussi à le frapper, s’en donnant à cœur joie. Dega se retranche dans son esprit pour fuir la douleur et se rend à peine compte de la mort de son corps.

Retrouvailles

Dega, l’esprit libéré de son corps se retrouve dans le grand espace de l’inconscient. Il perçoit une lumière un peu plus forte que les autres et tend vers elle. Elle lui semble familière. Aston ! C’est son frère jumeau ! Dega ressent une joie immense. Son frère est vivant, son frère est un ange. Ils vont se revoir. Aston paraît tiré d’un songe et accueille son frère les bras ouverts.
« - Aston, content de te voir
- Dega, c’est toi, c’est fantastique !
- Alors, tu vois, Dieu est grand, nous sommes anges.
- Nous sommes quoi ?
- Anges, on est devenu des anges, c’est génial !
- Ah, tu crois ?
- Oui !
- Ah bon, ben, en tout cas, je suis super content de te parler, je revis. Tu me manquais atrocement.
- Oui, toi aussi.
- On ne se quitte plus, hein, promis ?
- Ben en tout cas, on reste en contact. Je ne sais pas si on pourra se voir, mais je te garde toujours dans mon cœur.
- Une partie de toi m’accompagneras toujours.
- Et notre famille, sais-tu ce qu’ils sont devenus ?
- Non.
- Concentrons-nous sur eux.
- Oui »
Dega oriente ses pensées vers leur sœur et sent Aston faire de même. Ils virent leur enterrement et les pleurs de leur mère et de leur sœur. Ils virent leur sœur grandir, se marier, avoir deux enfants et mourir, puis ses enfants grandir et se marier à leur tour, l’un d’eux avoir un fils qui lui même se marierait et aurait deux filles, l’une mourrant de maladie et l’autre se mariant son tour, etc. Ils se retirèrent rassurés. Apparemment, leur famille continuerait à exister et aurait une vie heureuse. Ils pouvaient ainsi vivre leur vie angélique rassurés. Après quelques dernière paroles, ils réintégrèrent chacun leur corps et se rematérialisèrent au Paradis en des endroits différents.

Renaissance


Dega ouvrit les yeux, un sourire sur le visage. Dans un coin de son esprit, il perçoit la présence de son frère. Il se met en route et s’interroge sur l’orientation qu’il va donner à sa vie. Puisque Dieu l’a choisit pour être ange, il ne va pas se contenter d’exister dans la masse angélique. Après réflexion, il se dit qu’il doit exister un lieu où tous les anges peuvent se retrouver, ailleurs qu’ici, sur Terre ou au paradis.
Il prend son envol et laisse le paradis derrière lui. Ne sachant où aller, il a dans l’esprit de monter le plus haut possible pour essayer de trouver ce qu’il cherche. Il est donc très surpris de voir des bâtiments se profiler au-dessus de lui. Il les atteint et un grand sourire vient orner son visage. L’assemblée Céleste, voilà ce qu’il cherchait.
Il entre avec précaution dans le hall du bâtiment, se faisant le plus discret possible, et parcourt les couloirs avec ravissements. Il ne se sent pas encore assez sûr de lui pour pénétrer dans les salles et ne fait que visiter, mais prend bien note des salles qu’il y a, pour pouvoir y retourner si le besoin s’en fait sentir. Il trouve une petite pancarte avec les différentes factions créées. Tout joyeux, il se met en quête de celle qui lui conviendrait. Mais il s’aperçoit très vite qu’il y en a une multitude. Il s’interroge sur ses motivations :
Les humains lui sont indifférents, il n’en fait plus partie et se sent plutôt attiré par le shootage de démons que d’humains. Mais il ne peut que ressentir une profonde gratitude envers Dieu, et repense aux paroles des anges qui l’ont tué. Tout son être se révolte contre leur attitude et il lui semble important de faire prendre conscience aux anges de l’importance de la croyance juste. Après tout, c’est grâce à Lui qu’ils sont là. Et ce n’est pas en se révoltant contre Lui ou contre ses délégués, les Archanges, que les choses vont avancer. Une des bases les plus solides dans cette guerre contre les démons doit être la cohésion angélique, et elle passe par le respect et la dévotion envers Dieu et les Archanges.
C’est à ce stade de ses réflexions qu’une faction attire son regard. Le CRS, Corps de Répression Sanctifié. Il regarde plus attentivement cette faction :
‘‘Description de la faction : Le Corps de Répression Sanctifié regroupe les anges les plus purs de l'Eden, réunis pour combattre la corruption et l'impureté qui souillent le Paradis et la Création Céleste. Ils sont les gardiens des institutions, de la morale et de la pensée de la nation angélique et du Dogme Divin. Les anges appartenant à cette faction n'ont qu'un mot d'ordre : Respect ou Expiation des fautes.’’
Cette description l’emballe totalement, il lui semble qu’elle a été créée pour lui.
‘‘Leurs trois principales missions sont :
- Eradiquer les anges léthargiques qui ont perdu leur essence et polluent les jardins d'EDEN.
- Traquer et punir les anges qui blasphèment, critiquent la nation angélique, pêchent, pactisent avec les forces démoniaques.
- Traquer et expier les humains qui ont succombé au mal, soit en tuant des anges, soit en ayant pactisés avec le malin (pro-démon)’’
Il se trouve justement au Paradis, et voit plusieurs anges léthargiques. ‘‘Ceci ne doit pas être possible’’, pense-t-il.
Programme intéressant en somme. Décidé à tester cette faction, il se rend dans la chapelle du CRS